ÊTRE D'ACCORD
POUR NE PAS
ÊTRE D'ACCORD

Au regard du mouvement des gilets jaunes, de la crise sanitaire du COVID, des différents conflits armés dans le monde et aujourd'hui particulièrement, j'observe et je me raconte, qu'il est de plus en plus compliqué d'avoir une opinion qui se démarque de celle des politiques et des différentes institutions en place et de pouvoir l'exprimer publiquement librement.

Je pourrais lister en abondance, des situations ou des noms de personnes taxées de complotistes, de racistes, d'islamogauchistes, d'antisémites, de révisionnistes, de conspirationnistes, de fanatiques, d’écoterroristes, d'illuminés, de wokistes, d'anarchistes, d’homophobes, de féministes, etc...

Il semble de plus en plus inconcevable, voir interdit, de pouvoir douter, de se questionner, d'avoir des certitudes, des croyances, à contre courant d'une pensée qui cherche à s'affirmer comme une référence, incontournable et indiscutable. 

L'expression de points de vue divergents, semblent tellement insupportable pour une majorité, que rapidement la censure, la justice, les médias s'en mêlent, s’unissant pour construire le règne d’une « pensée unique », si bien dépeinte dans le livre « 1984 » de Georges Orwell.

Que ce soit dans le champ politique, social, environnemental, religieux, artistique, la santé, pouvons-nous encore aujourd'hui exprimer ce qu'on pense, ce qu'on ressent sans se faire bâillonner et juger ?

Pouvons-nous encore aujourd’hui parler de « liberté d’expression » ?

La lecture de l'ouvrage de Nathalie Achard : " La communication non violente : à l'usage de ceux qui veulent changer le monde ", m'a fait prendre conscience, encore plus, que la violence n'est pas une affaire du "camp du bien" ou du "camp du mal"; la violence est dans tous les camps et peut-être et probablement surtout lorsqu'il y a des camps précisément. 
En cherchant la définition du mot camp, j'ai trouvé "Lieu, constructions où des troupes s'installent (Camp retranché / Camps de réfugiés)". Un vocabulaire qui m'inspire immédiatement le conflit, la guerre, la bataille, l'ennemi en face. 

Quelles violences sommes-nous prêt·es à mettre en place pour défendre des idées, des points de vue, aussi vertueuses peuvent être les grandes causes qui les motivent ?
Comment exprimer nos convictions sans faire le jeu de la dictature, de la domination et de la soumission ? 
Comment entendre les convictions du camp d'en face sans répliquer immédiatement pas un coup de matraque ou par un cocktail molotov ?

Comment comprendre ce que vit l'autre, ce qu'il pense, ce qu’il ressent, comment comprendre l'origine de ses croyances, si on ne le laisse pas s'exprimer ?

Comment vouloir changer le monde, comment espérer une possible évolution, si on ne s'intéresse pas à la réalité de l'autre telle qu’elle est, plutôt que de chercher systématiquement à imposer qu’elle soit comme il faudrait qu’elle soit ?

De quelles réalités, de quelles vérités parlons-nous ?

N’y aurait-il qu’une seule et unique réalité (pensée) autorisée ?

Quelle chance avons-nous de vivre de la collaboration, de la coopération, de la bienveillance, de la paix, dans un système qui ne saurait se construire autrement que sur la propagande d'un modèle sociétal déterminant qui a raison, qui a tort, qui dit la vérité, qui ment, qui est le bien, qui est le mal ?

Comment imaginer vivre de l'évolution, lorsqu'on perd sa capacité à développer sa curiosité pour l'autre, pour ce qui est différent de soi ?

J'ai moi-même des convictions aux couleurs révolutionnaires, qui me portent et me demandent d'agir.
Je rêve d’un monde qui ne ressemblerait pas à un match de foot, avec des vainqueurs et des perdants, un monde ou ce n’est plus soit l’un OU l’autre, mais plutôt l’un ET l’autre.

Je souhaite vivre dans un monde où la richesse serait la somme des différences, des singularités. Je m’effraie d’une humanité qui croit à la légitimé d’un pouvoir, quelle qu'en soit l'origine, imposant à coup de force de l’ordre et de justice, une vision unilatérale et austère du bien et du mal, sans désordre.

Mon expérience de vie est que depuis que je suis d'accord pour ne pas être d'accord, l'image et l'étiquette d'ennemi que j'avais de l'autre est enfin tombée. Je ne suis plus ni POUR, ni CONTRE, je suis AVEC. La lutte a laissé place à la douceur et cela change tout.

Je suis aujourd'hui globalement en paix, avec les autres et avec moi-même.

Cet état de paix ne se définit nullement par la volonté de tendre l'autre joue lorsque je suis malmené, de baisser ma culotte devant quiconque, ni de vouloir lui remonter les bretelles.

Ma paix intérieur n'est pas la conséquence d'accepter ce que l'autre voudrait m'imposer, de me soumettre à son influence ou à son pouvoir; elle est le fruit d'être en capacité de l'accueillir tel qu'il est, sans chercher à le changer, avec simplement de la curiosité pour ce qu'il vit, quand bien-même cela semble si loin, si différent de ce que je vis, de ce que je pense, de ce que je crois et je me raconte moi-même.

Cet atelier propose une autre approche que celle de détruire pour reconstruire sur les fondations d'un cimetière d'asservissement, de terreur, de honte et de culpabilité.

La proposition est d'offrir un espace sécurisé d'expression et d'écoute, définit par un cadre respectueux et responsable, laissant suffisamment de place à la curiosité pour voir chez l'autre, quels sont ses besoins, ses aspirations profondes qui cherchent à s'exprimer, parfois tragiquement, derrière les pensées, les jugements et les émotions.

Changer le monde me semble possible, à condition de libérer la parole et de savoir l'accueillir au sein des relations, en se donnant la chance de transformer nos traumatismes, nos limites, notamment en les nommant, pour pouvoir continuer à nous construire : ensemble !