Stéphane Androuin - Origines, parcours, expériences
Androuin Stéphane 52 ans, ressenti 49 - Lieu de résidence : Bretagne.
Sur le chemin de la Communication Non Violente depuis 2021
Référente pédagogique : Lise Rodien (formatrice certifiée du CNVC)
Journal de bord / 0.2 - Intro
J’ai à cœur de partager ici mes origines, mon parcours dans les grandes lignes, pour situer dans un contexte historique, mon évolution de vie depuis ma rencontre avec la CNV. J’imagine que d’avoir un aperçu des sources est un moyen de mieux apprécier les transformations, l'évolution.
Je suis né en région Parisienne (où j’ai vécu jusque début 2023), dans une famille issue de la classe ouvrière et avec des origines géographiques de France, mais aussi d'Allemagne et de Hollande de part mes grand-parents paternels et maternels.
Mes parents, entre les années 70 et 90 ont mis toute leur énergie à tenter de s’émanciper pour passer de la classe ouvrière à la classe moyenne. C’était le début d’une époque où la réussite sociale était de plus en plus liée au pouvoir d’achat, à la consommation tout azimut. Il était plus facile de trouver du travail, l’accès à la propriété était encouragée, tout comme posséder une voiture, le téléphone, la télé et le crédit était la solution pour pouvoir s'offrir tout de suite, toutes ces choses qui deviendraient progressivement et massivement les « besoins » d’aujourd’hui.
Je suis donc né à cette époque où l'on quittait, plein de désillusion, l’ambiance psychédélique et "révolutionnaire" des années 70, pour une nouvelle promesse illusoire de liberté à condition que l’on consente au consumérisme massif, au capitalisme, au développement technologique, au confort matériel, quitte à écraser le vivant au passage.
Tant que j’étais enfant, cette promesse de liberté de vie à travers la consommation, la propriété, me convenait parfaitement. J’avais plein de jouets, j'en voulais toujours plus, j’étais content.
Et puis à l’adolescence, vers l’âge de 15 ans, j’ai découverts la création artistique, par hasard à travers la pratique du théâtre et puis rapidement le dessin, l’écriture, la musique. Il y avait quelque chose en moi d’inné qui faisait que je m’autorisais toutes expériences artistiques sans limites. J’avais la chance de ne pas penser qu’il me fallait, par exemple, avoir appris le violoncelle pour essayer d’en jouer dès lors que l'occasion d'avoir l’instrument entre les mains se produisait. Ce principe, je l'ai appliqué à tous domaines artistiques, tous supports, matériels, outils, instruments.
La création artistique fut ensuite mon centre d’intérêt premier, le pilier de mon existence. Parallèlement, je faisais mes premières expériences de produits psychotropes et je découvrais l’univers créatif des années 70, dont j’étais issu, mais auquel je n’avais pas eu accès jusqu'ici dans mon milieux familiale. Ce fut pendant une vingtaine d’années une référence pour moi, que ce soit au niveau musical, vestimentaire, écologique, politique…
Pendant cette période de ma vie, je m'éloigne de plus en plus de ma famille, de mes origines sociales avec lesquelles je me sens de plus en plus en désaccord, en opposition, où les tensions sont de plus en plus fréquentes et où le dialogue n’a pas sa place.
J’obtiens un baccalauréat littéraire et artistique A3 option théâtre. Je joue ensuite avec plusieurs compagnies amateurs, je fais mes premières expériences du côté professionnel, nous créons une compagnie de théâtre avec des amis, j’écris beaucoup, je peins, je sculpte, je fais de la musique, je créé tout le temps avec l’espoir de me faire une place dans le milieu artistique, d'en faire mon métier et de gagner ainsi ma vie.
Dans les années 2000, je rencontre une femme avec qui j’aurais trois ans plus tard un fils. Je commence à chercher des solutions qui me permettent de m’assumer financièrement. C’est une période difficile où je me sens déchiré entre ma passion pour l’art et la « réalité économique » dans un monde où il est de plus en plus difficile de trouver du travail, où la vie est de plus en plus chère. Je vis dans une injonction aliénante où je m’impose de devoir mettre mes rêves au second plan et de rentrer dans le rang pour me payer le droit d’exister et de survivre. J’enchaîne les petits boulots tout en continuant d’essayer de me faire une place dans l’art. J’y crois toujours. Je me heurte violemment à mon incompétence commerciale : si je suis capable de créer plein de choses, sans retenues, je n’ai en revanche aucune prédisposition et talent pour me vendre. Il y a l’art et le marché de l'art, le premier m’est naturel, le second me dégoûte. Faire du business, ce n’est pas mon métier, j'y vais à contre cœur, je suis enragé et je commence franchement à ne pas me sentir à ma place dans cette époque et cette société. Je suis aussi certainement rattrapé inconsciemment par l’origine prolétaire de mes grands parents où les gentils ce sont les pauvres, les ouvriers et les méchants les riches, les patrons… L’argent c’est mal et c’est comme si je faisais mon possible pour ne pas en posséder.
Je vis ainsi une dizaine d’années avec des soucis financiers permanents et une qualité de vie toujours sur le qui-vive et dans un mode de survie.
Seule une activité (que je continu encore aujourd’hui) sort du lot, celle de modèle vivant. C’est une expérience formidable dans un contexte particulièrement bienveillant, où je suis vraiment à l’aise et où j’ai de vraies qualités, que j'affine petit à petit, jusqu’à un savoir faire incontestable après 30 ans d'expérience.
Je découvre l’outil informatique et je fais mon entrée au début des années 2000 dans l’univers des métiers de la communication via la création de sites internet. Ici aussi, si je mets facilement mes talents de créateur au service de la réalisation d'outils étonnants et singuliers, mais je reste toujours aussi peu compétant et inadapté au business. Ici aussi je peine à me vendre et je ne réussi pas à améliorer ma vie côté financier. Cela me pèse encore plus que dans les années précédentes, car je suis père et ma croyance de devoir réussir ma vie se renforce, sinon de devoir assumer mes responsabilité en trouvant une place raisonnable et stable dans la société, toujours plus loin de mes rêves d’origine. Qui suis-je si je ne suis pas capable de payer mes factures ?
Je découvre plus tard le milieu de la nuit parisienne et de l'événementiel. Je sors beaucoup, je consomme beaucoup de drogue, je navigue au milieu d’une population plus aisée, à l’opposée de mes convictions politiques et de ma sensibilité et que je juge misérablement superficielle. Je tente désespérément de m’intégrer, mais je ne me sens pas du tout à ma place. Je redouble d’effort pour me faire une place, avec l’espoir que de faire des contacts dans ce milieu qui pourraient m’aider à me développer professionnellement, mais je déteste cet entourage et il le sent. Cette expérience de vie renforce progressivement mon éloignement cette époque dans laquelle je vis, de l’organisation de cette société et au fond de l’humanité. L’humain m'apparaît de plus en plus tel un parasite, une plaie pour la planète et ce qui y vit.
Pour autant, je découvre dans le milieu de la nuit, la musique électronique que j’adore autant que le jazz, le classique ou le rock des années 70. C’est un trésor inestimable dont je profite encore à fond aujourd’hui dans mon quotidien.
Je continu ainsi à survivre, de petits boulots en petits boulots. Je persiste aussi à mettre en place des projets artistiques, en espérant trouver enfin le bon qui me ferait décoller. Mes créations sont sombres, contestataires, acérées, acides, amères et violentes. Je commence à réaliser des courts métrages et m'inscrit dans quelques projets audiovisuels plus institutionnels, toujours dans le domaine de la communication. Je vivote ainsi quelques temps, mais ma situation financière ne s’arrange pas et va même s’aggraver, je m'endette de plus en plus, jusqu’à me faire expulser de mon logement faute de ne plus être en mesure de payer mes loyers.
Et puis je rencontre une autre femme avec qui je vais me marier. C’est l’étape qui va encore plus me faire basculer vers l’injonction « assumer mes responsabilités ». Je cherche du travail quel qu’il soit du moment que je suis embauché en tant que salarié. Je passe par des boulots très durs, dégradants, humiliants, tout "en bas de l’échelle sociale". Je suis en grande souffrance psychique et corporelle et plus que jamais s'installe en moi de la colère, du dégoût, une haine de la vie, des autres, du contemporain, du système.
Suite à cette période horrible où je ne savais plus qui j’étais, dans une douleur récurrente, j’ai finalement la chance d’entrer dans un domaine professionnel par hasard, qui va m’apporter quelque chose au-delà d’un salaire : le maintien à domicile. Je travaille en tant que livreur pour une boutique qui vend et loue du matériel médical à des personnes en perte d’autonomie. Le salaire sera juste suffisant pour payer mes factures, mais j’aime apporter mon aide et je trouve ici plus de sens au sacrifice pour l’emploi. L’art et la création se font de plus en plus rares, je n’ai plus le temps, l’énergie et je n’espère plus du tout m’y faire une place, je n’y crois plus.
Je change ensuite d’entreprise pour une autre dans le même domaine et pour un poste avec plus de responsabilité. Je suis à présent conseiller en maintien à domicile et commercial. Je suis encore plus en contact avec des personnes qui ont besoin d’aide, de soutien et je découvre que j'ai naturellement des aptitudes pour cela. J’ai beaucoup de retour chaleureux et nourrissants de la part de ces personnes dont je m’occupe et cela m'apporte un peu de réconfort dans cette vie de plus en plus dure, aride et violente que je me suis construis sans m’en rendre compte. Je dirais que ce fut le premier pas pour reconnecter à l’humanité, celle des autres, mais aussi la mienne.
Je perd ma grand-mère à laquelle j'étais très attaché, je vis pour la première fois le deuil. Puis vient la crise sanitaire du COVID, avec un fort impact dans mon domaine professionnel.
Mon mariage bat de l’aile, ma relation de couple est douloureuse, je traverse la période la plus sombre de mon existence, je n’ai plus de repères, à part mon travail dans lequel je m’investi pour garder un semblant de sens à la vie. Je divorce.
Et puis…
Et puis je rencontre ma compagne actuelle. Cette rencontre est un déclic et me permet de commencer à tourner la page du premier chapitre de mon histoire et de faire mes premiers pas dans l’acte II où je suis à présent.
Arrive la vaccination obligatoire, événement incontournable pour conserver le droit de travailler dans mon domaine d'activité. Je me fais confiance, je refuse. Je suis licencié et rejoins les rangs des allocataires de Pôle Emploi. C’est le deuxième moment clef des transformations qui vont s’opérer ensuite petit à petit et de manière exponentielle.
Je suis motivé par cette nouvelle vie, beaucoup plus douce, libérée du statut de salarié et je décide de profiter de cette situation pour me former et apprendre de nouvelles choses. Je vais enfin pouvoir travailler pour moi, pas pour une entreprise, pas pour un patron, d’abord pour moi.
Je m’inscrit à mon premier stage de Communication Non Violente (CNV) et déménage un an après en Bretagne avec ma compagne.
La suite de l’histoire, c’est dans mon journal de bord d’apprenti en CNV que je la déplie. Ce que je peux en dire pour l’introduire, c'est qu'aujourd'hui je vis mes rêves en toute liberté; ce ne sont pas ceux que j’imaginais, mais quand je vois tout ce bonheur auquel j’ai accès sans forcer, sans injonctions, de manière aussi fluide et puissante, je me sens enfin à ma place, non celle pour laquelle je pensais devoir me battre pour y avoir droit et la mériter, mais celle qui était là, celle qui attendait simplement d’être vue pour se déployer.
Cet acte II commence ainsi : je me suis fais le plus beau des cadeaux que je n’avais jamais pu me faire avant, je m’offre chaque jour l'amour de vivre et depuis, de la vie je suis aimé… J'enchaine depuis deux ans et demi à présent les stages, je pratique quotidiennement la CNV dans ma vie et toutes mes relations se sont épanouies, à commencer celle que j'ai avec moi-même. Mon objectif est à terme de former, enseigner, transmettre la CNV, c'est une évidence pour moi de partager ce cadeau que j'ai moi-même reçu. Je me formerai également cet été 2024 à la posture de médiateur dans le but d'accompagner à l'avenir des personnes en difficultés relationnelles. Je me consacre aussi avec ma compagne au développement d'un espace de travail en Bretagne : Le Terrier des Merveilles où nous donnerons des stages, des ateliers et où nous souhaitons en recevoir. Nous sommes attachés via ce projet à mettre en place un modèle économique plus responsable et équitable pour tous et qui permette un accès au développement personnel au plus grand nombre. Stéphane Androuin
et si vous voulez en savoir plus sur mes expériences professionnelles, consultez mon CV
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